L’Europe décroche. En septembre, un ancien président du conseil italien a remis un rapport alarmiste sur la perte de compétitivité européenne. L’incapacité de l’Europe à se saisir des technologies du XXIe siècle est au cœur de ce constat. Un étrange terrain vague s’étend derrière le bâtiment historique de Bosch, à Leonberg (Bade-Wurtemberg). C’est un immense rectangle à la terre meuble, où poussent quelques brins d’herbe. Sur ce site, dans cette banlieue riche et densément industrialisée de Stuttgart, les bulldozers ont refermé il y a quelques mois une énorme tranchée. Elle devait porter les fondations d’un nouveau bâtiment, destiné à un des projets phares de Bosch, le premier sous-traitant automobile du monde : une extension d’un centre de développement créé en 2021, entièrement dévolu à la conduite autonome, la plus grande révolution automobile du XXIe siècle. Le projet a été « repoussé », explique le groupe. Quarante pour cent des salariés allemands recrutés à cet effet seront indemnisés ou reclassés ailleurs. Ce qui devait être la « Silicon Valley de la conduite assistée » est vidé